Lundi 18 novembre 2019 : Emotion après l’effondrement mortel d’un pont à Mirepoix sur Tarn

Le pont de Mirepoix-sur-Tarn sur la Rd71 s'est effondré vers 8 heures au moment où s'était engagé un camion suivi d'un véhicule. Deux personnes étaient dans la voiture, la passagère, adolescente de 15 ans est décédée, sa mère conductrice est blessée. Le conducteur du camion et d'éventuelles autres personnes sont recherchés. Outre l'enquête judicaire, l'enquête technique a été confiée au Bureau
d'Enquêtes sur les Accidents de Transport Terrestre (BEATT) a lancée. Le pont était interdit à la circulation aux véhicules de plus de 19 tonnes,indiquée par le panneau de signalisation. L'hypothèse serait que l'effondrement pourrait résulter du tonnage du poids lourds largement supérieur à la limite autorisée. L'ouvrage, construit en 1931 faisait 155 mètres de long et de 6,50 mètres de large. Il aurait été rénové en 2003. C'était un pont suspendu, c'est à dire un ouvrage métallique dont le tablier est soutenu par des câbles fixés aux culées.

L'ouvrage appartenait au conseil départemental de Haute-Garonne qui a déclaré effectuer « une inspection détaillée tous les six ans, par un organisme externe, le Cerema » (Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement), un établissement public. La dernière aurait eu lieu en 2017 et n'aurait relevé aucun problème de structure sur l'ouvrage 

Commentaires :

Cet accident a suscité une vive émotion, probablement parce qu'à la différence d'autres accidents mortels, la part de l'infrastructure apparait évidente. Il vient, de surcroît, confirmé tragiquement le constat réalisé par une mission sénatoriale qui avait rednu fin juin un rapport intitulé

« Sécurité des ponts : éviter un drame. », suite à l'effondrement du pont Morandi à Gênes (Italie), qui avait fait 43 morts et 16 blessés, en août 2018. La mission avait fait les constants suivants :

- Le nombre exact de ponts routiers en France n'est pas connu, en l'absence d'un recensement exhaustif des ponts gérés par les collectivités territoriales ;

au moins 25 000 ponts sont en mauvais état structurel et posent des problèmes de sécurité et de disponibilité pour les
usagers (7 % des ponts de l'État, 8,5 % des ponts des départements, et probablement 18 à 20 % des ponts des communes et de leurs
groupements) ;

- le nombre de ponts nécessitant un entretien important, sous peine de dégradation, ou présentant des défauts a fortement augmenté sur les dix dernières années ;

cette dégradation s'explique par le vieillissement du patrimoine : en particulier, 2 800 ponts gérés par l'État, construits dans l'après-guerre, arriveront en « fin de vie » dans les années à venir et nécessiteront des moyens importants de remise en état ;

elle s'explique également par un sous-investissement chronique dans l'entretien de ce patrimoine et par les insuffisances de l'action publique ;

- le problème est plus inquiétant encore s'agissant des communes et des intercommunalités qui, pour certaines, méconnaissent
l'état de leurs ponts voire parfois leur nombre, ne sont pas équipées pour en assurer la gestion et se heurtent à d'importantes difficultés financières pour les entretenir.


C'est également oublié les conséquences du décret n° 2012-1359 du 4 décembre 2012 relatif au poids total roulant autorisé des véhicules terrestres à moteur modifie les articles R312-4, R312-5 et R312-6 du code de la route, passant de 40 à 44 tonnes. Le PTRA correspond  à  la  masse  maximale  autorisée  pour  un  ensemble  routier,  soit  le  poids  à  vide  de l'ensemble plus le chargement. Il autorise, à compter du 1er janvier 2013, sur le territoire national, la circulation jusqu'à 44 tonnes pour  les  véhicules  équipés  de  plus  de  quatre  essieux,  quel  que  soit  le  type  de  marchandise transportée.  Les véhicules peuvent être soit : -un véhicule articulé ; -un camion + remorque ; -un train double. L'impact de cette augmentation sur les chaussées, les ouvrages d'art et la sécurité routière avait fait l'objet d'une évaluation dont il ressortait que le passage à 44 tonne ne serait pas indolore, particulièrement sur les ouvrages anciens.


Au delà de ce constat, c'est la gestion des routes qui est posée. Il n'y a pas que les ponts dont le nombre est inconnu. On ne connait pas le nombre de carrefours à feux, le nombre de carrefours giratoires, le nombre de passage piéton, les panneaux de signalisation qui sont implantés. Tous ces aménagements de la route devraient respecter des normes et faire l'objet d'une maintenance en fonction de l'évolution du trafic. Ce n'est pas le cas et la conséquence d'accidents mortels quotidien qui ne font pas la une des médias car beaucoup moins spectaculaire que celui résultant d'un effondrement de pont.

Pour le moins, les routes devraient faire l'objet d'un contrôle périodique obligatoire et indépendant.

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