1 août 2020 : 80 km/h deux ans après

Dans la cadre de la réduction de la vitesse maximale autorisée à 80 km/ h sur les routes bidirectionnelles sans séparateur opposable depuis le 1er juillet 2018, la Direction de la Sécurité Routière a missionné le CEREMA pour réaliser l'évaluation de cette mesure. Le résultat de cette évaluation vient d'être publié deux ans après la mise en place de la mesure, conformément aux engageants pris par le gouvernement. L'évaluation porte sur quatre thématiques : les vitesses pratiquées, l'accidentalité, l'acceptabilité et les effets sociétaux. Un calcul socio-économique a également été réalisé. Le rapport rappelle le contexte dans lequel la mesure a été mise en œuvre ainsi que lalittérature scientifique existante sur les impacts d'une baisse de  vitesse sur la sécurité routière, l'acceptabilité et l'environnement.

Un premier bilan provisoire à 18 mois avait été communiqué en février

Les principales conclusions du rapport sont :

-une baisse de 3,3 km/h sur les vitesses moyennes pratiquées par l'ensemble des usagers,

-une baisse de 12 % du nombre de tués sur le réseau considéré, réseau « hors
autoroute » et « hors agglomération », par rapport au reste du réseau routier français. pour les 18 mois après la mise en œuvre de la mesure, où les données  définitives, une baisse de 331 tués sur le réseau considéré est constatée par rapport à la période de référence 2013-2017.

- il n'y a pas eu de création supplémentaire de pelotons de véhicules, ni deréduction du temps entre les véhicules qui se suivent.

 -un allongement moyen des temps de parcours de 1 seconde par kilomètre. Ceci correspond pour des trajets de 50 kilomètres à une perte de 50 secondes en semaine.

-une légère diminution des principaux polluants atmosphériques et des nuisances
sonores, bien que cette dernière ne soit pas perceptible par l'oreille humaine

-l'acceptabilité de la mesure ne cesse de progresser depuis sa mise en œuvre. La part des personnes favorables à la mesure augmente, passant de 30 % en avril 2018 à 43 % en octobre 2019 et 48 % en juin 2020

-le calcul socio-économique estime un gain de 700 Millions d'euros sur une année, en comparant 2017 et 2019.

 Au final, les rédacteurs du rapport estiment que ces résultats positifs seraient encore meilleurs avec un plus fort respect des limitations de vitesse La mesure n'aurait pas encore pleinement atteint les effets escomptés. Des marges de progrès sur le respect de la vitesse demeurent et  la progression constante de l'adhésion à la mesure permet d'espérer une amélioration de son respect.

Commentaires :

Ce rapport était très attendu au regard de la polémique qui s'était installée entre les pro 80 et les anti-80. Ce rapport apporte un certain nombre de confirmation sur les affirmations émises par le comité des experts du CNSR qui avait proposé cette mesure en 2017 au gouvernement.

Nul doute que ces conclusions seront contestées. Pour autant, il faut souligner son côté très didactique qui permet à d'aucuns de réviser certaines connaissances méthodologiques.

Cette évaluation a, de surcroît, été compliqué par un contexte mouvant, d'abord avec la demande exprimée par des Présidents de départements de pouvoir choisir les vitesses maximales autorisées sur les routes départementales, avec l'idée de revenir au 90 km/h. Cette demande avait l'inconvénient de permettre à l'autorité de police de déroger àla règle générale. Finalement, les parlementaires ont arbitrés en encadrant cette dérogation, à l'occasion du vote sur la loi d'orientation des mobilités fin 2019.

Rappel :

L'article  Article 15 bis B introduit ainsi la possibilité du retour aux 90 km/h sur les  routes bidirectionnelles hors agglomération. Après son article L. 3221-4, il est inséré un article L. 3221-4-1 ainsi rédigé :« Art. L. 3221-4-1. - Le président du conseil départemental ou, lorsqu'il est l'autorité détentrice du pouvoir de police de la circulation, le maire ou le président de l'établissement public de coopération intercommunale peut fixer, pour les sections de routes hors agglomération relevant de sa compétence et ne comportant pas au moins deux voies affectées à un même sens de circulation, une vitesse maximale autorisée supérieure de 10 km/h à celle prévue par le code de la route. Cette décision prend la forme d'un arrêté motivé, pris après avis de la commission départementale de la sécurité routière, sur la base d'une étude d'accidentalité portant sur chacune des sections de route concernées. » ;

Quelques départements ont, depuis, mis en œuvre cette dérogation. Il eut été intéressant d'en mesurer l'impact sur la sécurité routière mais, depuis, un second évènement a compliqué la tâche du suivi de l'insécurité routière. Il s'agit du Covid qui a complétement bouleversé les pratiques de mobilité. Difficile de savoir si le système de circulation d'après COVID reviendra comme celui d'avant.


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