Les mois d'avril

 

La mortalité routière des mois d’avril peut être impactée dans leur comparaison d'une année sur l'autre à cause de l’effet calendaire. Avril est, en effet, un mois particulier puisqu'il dispose d'un lundi férié occasionnant un long week-end, le week-end de Pâques. Ce dernier fut longtemps un des plus meurtriers avec celui de la Toussaint. Ce n'est plus tout à fait le cas depuis l'apparition des jours de RTT qui ont eu tendance à étaler ce type de week-end sur le vendredi et le mardi d’une part et ainsi à réduire les pointes de trafic d’autre part. Ce WE peut impacter de quelques % la différence d'une année sur l'autre dans l'évolution de la mortalité d'autant que ce week-end de Pâques a aussi la particularité de glisser en mars selon les années.

Autre impact de ce mois, il est le mois des vacances de printemps. Ces vacances couvrent pratiquement trois semaines de ce mois, avec dans ces semaines parfois, la présence de Pâques mais peuvent déborder sur le mois de mai.

Enfin, avril marque souvent le démarrage de la saison où sortent davantage les deux-roues qu'ils soient motorisés ou non. Il s'ajoute à cela comme pour tous les mois l'impact des conditions météorologiques.  Moins net que pour les mois d'hiver, le mois d’avril commence à être marqué par le changement climatique devenant parfois estival. Cette clémence du temps n’est pas sans générée un trafic supplémentaire.

Avril 2022 : L'insécurité routière revient d'actualité 

Selon le baromètre de l'Observatoire national interministériel de la sécurité routière (ONISR), 262 personnes ont perdu la vie sur les routes de France métropolitaine en avril 2022. Comparé au mois d'avril 2021 où l'on avait déploré 203 morts sur ces routes, 59 personnes de plus ont été tuées, soit une hausse de 29%. En année glissante sur les 12 derniers mois, il apparait une hausse de 24 %. Depuis le début de l'année, correspondant au premier quadrimestre, la hausse est de 29 %.

L’ONISR a pris l’habitude de comparer ces résultats à 2019, dernière année « normale » en matière d’accidentalité. Force est de reconnaitre que tout semble revenu comme avant. La hausse est de 11% par rapport à 2019 pour ce mois d’avril qui a été le quatrième mois d’avril le plus meurtrier de ces dix dernières années.

Le bilan des blessés trop souvent négligé dans l’analyse de l’accidentalité est aussi inquiétant. Il dépasse les 5 000 pour le deuxième mois consécutif ! Le taux de mortalité (nombre de tués rapporté au nombre d’accident) est très supérieur à la moyenne : 64 tués pour 1000 accident contre 55 en moyenne annuelle.

Plusieurs facteurs permettraient d’expliquer ces hausses. La première concerne des déplacements plus importants qu'en avril 2021 (de l'ordre de +25 % en moyenne par rapport à avril 2021, selon le dataviz trafic du Cerema) et cela malgré le coût du carburant anormalement élevé.

Par mode de déplacement, on remarque la poursuite de l’augmentation de la mortalité cyclistes avec 24 cyclistes tués, bilan supérieur à celui enregistré en avril 2021 et inférieur à cellui d'avril 2019. L’ONISR constate que cette mortalité est une des plus élevée des mois d'avril de ces 10 dernières années. La mortalité piétonne est également en hausse, supérieure à celle enregistrée en avril 2021 et à celle d'avril 2019. 32 piétons ont été tués en avril 2022, soit 10 de plus qu'en avril 2021 et 3 de plus qu'en avril 2019.

Si la mortalité motocycliste reste curieusement stable (au regard des conditions météorologiques favorables à un boum de la circulation de ces engins), celle des automobilistes est très supérieure à celle d'avril 2021 et à celle d'avril 2019 : 131 automobilistes sont décédés en avril 2022 contre 95 en avril 2021 et en avril 2019 (soit 36 tués de plus). La mortalité automobiliste de ce mois d'avril 2022 est même légèrement supérieure à la moyenne des mois d'avril des 5 années avant pandémie.

Si la question de l’insécurité routière était sortie de l’actualité depuis deux ans, il est à craindre qu’elle redevienne sur le devant de cette actualité, particulièrement pour ce qui concerne les cyclistes.

Les Plans vélos se multiplient dans les territoires, se traduisant par des km de voiries cyclables souvent de piètre qualité du point de vue des règles de l’art en matière d’aménagement. Il n’est hélas pas étonnant que l’accidentalité augmente avec l’extension du réseau cyclable. Peut-on s’en satisfaire ?

 

Avril 2021 : L'accidentalité repart à la hausse en relation avec le déconfinement

Selon le baromètre de l'Observatoire national interministériel de la sécurité routière (ONISR), 203 personnes ont perdu la vie sur les routes de France métropolitaine en avril 2021. Comparé au mois d'avril 2020 où l'on avait déploré 102 morts sur ces routes, 101 personnes de plus ont été tuées, soit une hausse de 100 %. En année glissante sur les 12 derniers mois, il apparait  une baisse de - 15 %. Depuis le début de l'année, correspondant au premier quadrimestre, la baisse est de -1 %.

Aucune surprise hélas dans cette hausse très significative de la mortalité puisque nous étions en plein confinement à la même époque, il y a un an. Pour autant, cette très hausse est inquiétante si l'on considère que des restrictions de circulation ont persisté durant ce mois d'avril avec notamment le maintien du couvre-feu. En revanche, à partir du 3 avril au soir pour une durée de quatre semaines, dans l'ensemble des départements français, les déplacements ont été portés à 10 km (30 km pour les courses) autour du lieu de résidence ; toutes les zones étaient en vacances scolaires à partir du 12 avril.

On peut d'ailleurs remarque que l'accidentalité n'est encore loin de celle d'avril 2019. Quant au taux de mortalité ( (nombre de décès par nombre d'accidents), il est légèrement inférieur à la moyenne habituelle, résultat probable du couvre-feu donc moins d'accident la nuit généralement plus grave.

Dans ce contexte particulier, la mortalité piétonne reste en retrait, traduction de la moindre exposition des personnes âgées. La mortalité des véhicules repart logiquement à la hausse tandis que celle des cyclistes poursuit une tendance à la hausse qui a démarré au début du confinement en février 2020. C'est la seule accidentalité qui a déjà atteint le niveau d'avant la pandémie alors que les autres usagers en sont encore loin. Cela traduit la montée du trafic vélo encouragée par les coronapistes avec un résultat qui aurait pu être limité avec une meilleure conception de ces pistes.

 

 

Avril 2020 : Baisse exceptionnelle de la mortalite routière de - 55,8 %

Selon le baromètre de l'Observatoire national interministériel de la sécurité routière (ONISR), 103 personnes ont perdu la vie sur les routes de France métropolitaine en avril 2020. Comparé au mois d'avril 2019 où l'on avait déploré 233 morts sur ces routes, 130 personnes de moins ont été tuées, soit une baisse de -55,8%. En année glissante sur les 12 derniers mois, il apparait  une baisse de - 8 %. Depuis le début de l'année, correspondant au premier quadrimestre, la baisse est de -24,5 %.

Cette  baisse exceptionnelle de la mortalité routière était attendue. Elle est la conséquence directe d'un mois entier de confinement. Mars avait déjà connu une baisse exceptionnelle correspondant à une qunzaine de jours de confinement. C'est bien sûr la démontration du lien de corrélation entre exposition au risque routier qui a été fortement réduit, probablement de 80 à 90% et accidentalité. Le nombre d'accident a, lui, baissé de 75%. Cette baisse de -55,8 % constitue une baisse jamais atteinte dans l'histoire de la sécurité routière.

Ce confinement a une deuxième effet inespéré, celui d'enregistrer moins de 3 000 décès routier sur douze mois. Le franchissement de ce seuil était espéré depuis l'annonce lors d'un CISR en 2015 de faire baisser la mortalité de 50 % d'içi 2020, ce qui aurait amené le nombre de décès annuel à moins de 2 300. Le chemin qui reste à parcourir est donc encore important d'autant que la crainte qu'il est normal d'avoir est que l'accidentalité reparte à la hausse avec le déconfinement. Pour autant, elle devrait rester en baisse pour le mois de mai, puisque la France est resté confiné jusq'au 11 mai et que la reprise de la circulation de tous les usagers reste très progressive.

Le troisième constat de ce mois d'avril est que le taux de mortalité des accidents (nombre de décès par nombre d'accidents) a augmenté d'environ 40% par rapport au taux moyen annuel. Cette surmortalité ne peut trouver une explication que dans  l'augmentation significative des excés de vitesse enregistrés par les Forces de l'Ordre. Curieusement, il y a par contre une baisse du taux de victimes d'environ 4 % qui pourrait s'expliquer par un taux d'occupation des véhicules, qui s'est peut trouvé limité à une ou deux personnes maximum du fait du confinement.

Le quatrième constat est que cette baisse a concerné tous les usagers à des dégrés importants mais avec une baisse plus importante pour les deux-roues pouvant approcher les -80% et moins importante pour les piétons inférieure à 50%.

La "Sécurité routière" constate qu, si lesdéplacements routiers se sont considérablement réduits durant le confinement, les forces de l'ordre et les radars automatiques ont constaté un nombre important de grands excès de vitesse, avec une augmentation de plus de 16% par
rapport à la même période en 2019. On observe parmi les accidents mortels comparativement moins de chocs frontaux (avec moins de véhicules sur les routes, la probabilité d'en croiser en face est réduite) mais plus de pertes de contrôle de véhicules seuls (qui s'achèvent sur des obstacles latéraux ,arbres, murets ou sur le toit après plusieurs tonneaux).

 

 

Avril 2019 : Baisse significative de la mortalité routière de -16,9%

 

Selon le baromètre de l'Observatoire ational interministériel de la sécurité routière (ONISR), 236 personnes ont perdu la vie sur les routes de France  métropolitaine en avril 2019. Comparé au mois d'avril  2018 où l'on avait déploré 280 morts sur ces outes, 48 personnes de moins ont été tuées, soit une baisse de -16,9%.  En année glissante sur les 12 derniers mois, il apparait  une baisse de - 4,3 %. Depuis le début de l'année, correspondant au premier quadrimestre, il subsiste une hausse de  +1,1%. Cette forte baisse de la mortalité est une bonne surprise compte tenu de la tendance à la hausse enregistrée depuis le début de l'année. Cette hausse était favorisée par des facteurs convergents comme de précoces bonnes conditions météorologiques, la mise hors service massive des radars bien médiatisée et une ambiance peu encline à une meilleure civilité avec l'effet « gilets jaunes ». 

Quels sont les facteurs qui ont amenés à ce résultat  inattendu ? La forte hausse des carburants pourrait être une piste mais elle ne suffit pas à justifier une baisse aussi forte. Il y a eu également probablement un effet calendaire favorable puisque avril 2019 comptait quatre week-ends alors qu'avril 2018 en comptait cinq y compris le week-end de Pâques, situé de surcroît hors vacances scolaires. Il n'empêche qu'avril 2019 constitue le mois d'avril le moins meurtrier jamais enregistrée avec celui d'avril 2013. Il a exclusivement bénéficié aux automobilistes alors que la mortalité des usagers vulnérables n'a pratiquement pas bougé. Pour autant, la baisse de la mortalité des automobilites se poursuit. seuls, les usagers vulnérables n'évolue pas en avril après avoir plombé la mortalité du premier trimestre.

 

On peut donc ainsi faire l'hypothèse que l'effet 80 km/h continue de faire baisser la mortalité, peut-être grâce à la médiatisation que cette mesure connait via ses détracteurs. Cet effet devrait durer jusqu'à juin puisque la mesure a été effective le 1er juillet. Avec l'incertitude de savoir quel sera l'effet du relèvement à 90 km/h qui sera accordé aux départements si l'amendement prévu à la loi d'orientation sur la mobilité aboutit.

 


 

Avril 2018 :

Selon le baromètre de l'Observatoire national interministériel de la sécurité routière (ONISR), 279 personnes ont perdu la vie sur les routes de France  métropolitaine en avril  2018. Comparé au  mois d'avril  2017 où l'on avait déploré 281 morts sur ces routes, 2 personnes de moins ont été tuées, soit une baisse de -0,2%.  En année glissante sur les 12 derniers mois, il apparait  une très légère baisse de - 2,2 %. Depuis le début de l'année, correspondant au premier quadrimestre, la baisse est de -4,6%.

 

La stabilité de la mortalité d'avril confirme la  légère tendance à la baisse  amorcée depuis décembre. Pour autant, on ne peut pas dire qu'il s'agit d'un mois en « progrès » puisque cette mortalité est nettement supérieure à celle enregistrée sur les huit dernières années. Quelques éléments explicatifs possibles : ce mois d'avril 2018 contenait le lundi Pâques hors vacances scolaire qui a parfois un impact sur l'accidentalité. Il a été marqué par une grande douceur avec un épisode de chaleur exceptionnelle du 18 au 22, douceur qui marque une augmentation nette du trafic de deux-roues. On peut également supposer que les grèves des cheminots qui ont concerné 8 jours du mois ont eu un effet sur le trafic et donc l'accidentalité.

 

Avril  2017

Selon le baromètre de l'Observatoire national interministériel de la sécurité routière (ONISR), 287  personnes ont perdu la vie sur les routes de France  métropolitaine en avril 2017. Comparé au mois d'avril 2016, 44 personnes de plus ont été tuées, soit une hausse significative de  + 18,1 %. Comme souvent en avril, la mortalité routière connait de fortes variations d'une année sur l'autre. Ces variations sont  à mettre en relation avec les conditions météorologiques qui sont parfois très opposées. Classé atypique par Météo France, avril 2017 a été un des mois d'avril les plus secs avec des records de chaleur et de gel. Ces conditions n'ont pas été sans répercussion sur  les déplacements automobiles. Les chaleurs de la première quinzaine ont également  marqué  la reprise de la circulation des deux-roues. Les deux effets additionnés ont probablement produit cette forte hausse.

Pour autant, en année glissante (beaucoup moins impactée par les conditions météorologiques), sur les 12 derniers mois, la mortalité reste désespérément  stable (0,1%).

Avril 2017 a été marqué de deux très graves accidents de collision frontale faisant à eux deux 11 tuès soit près de 5% de la mortalité du mois.

Faits marquants :

 

1er avril : 6 jeunes décèdent dans une collision  à Montecenis ( Saône et Loire)

4 avril : mortelle collision frontale : Cinq personnes, dont deux nourrissons, tuées sur la départementale RD 928, à Radinghem (Pas-de-Calais)

 

Avril 2016 :

 

Après deux mois consécutifs de hausse mensuelle, la mortalité routière d'avril 2016 par rapport à celle d'avril 2015 est en légère baisse de -5%. Une nouvelle hausse aurait signé une tendance à la hausse de l'insécurité routière. La tendance qui se dégage depuis juillet dernier est une certaine stabilité autour de 3450 personnes tuées sur douze mois. On remarquera que la mortalité reste ainsi à la hausse sur les quatre premiers mois de l'année (+2,1%) ainsi que sur les 12 derniers mois (+2,9%).

De ce constat, on ne peut que conclure que les annonces des nouvelles mesures faites d'abord en janvier 2015 puis au CISR d'octobre 2016 n'ont produit aucun effet positif.

Certes, certains facteurs conjoncturels pèsent en défaveur de la sécurité routière. La baisse du coût du carburant ainsi que la légère reprise économique avec une baisse du chômage génèrent habituellement davantage de déplacement et donc d'exposition au risque d'accident. Une récente étude produite par l'IRTAD (why does road safety improve when economic times are hard ? - octobre 2015) semble démontrer un lien entre ces facteurs économiques et l'accidentalité. Hélas, la France ne dispose pas d'une mesure en temps presque réel de l'évolution du trafic permettant pour le moins de confirmer le lien entre reprise économique et reprise du trafic routier.

Une analyse plus fine de ce mois d'avril permet par ailleurs de minimiser son résultat. Le calendrier situe le plus souvent le week-end de Pâques en avril, ce qui ne fut pas le cas en cette année 2016. Si cela a pénalisé le bilan très mauvais de mars, cela a légèrement bonifié ce mois-ci. Il reste néanmoins moins bon qu'avril 2013 (213 personnes tuées), 2013 étant l'année de référence pour son résultat annuel.

Par ailleurs, ce mois n'a été marquée par aucune autre situation calendaire, météorologique ou évènementielle ayant pu influer dans un sens ou un autre l'accidentalité de façon significative. Tout juste, une météorologie moins clémente conduit souvent à une légère baisse de la mortalité des deux-roues et une légère hausse de la mortalité des piétons.

L'accidentalité des usagers vulnérables reste très réactive aux conditions météorologiques alors que celle des usagers des véhicules légers l'est beaucoup moins. C'est l'évolution de la mortalité de ces usagers qui constitue l'indicateur le plus solide de l'évolution globale de la mortalité routière. Or, cette dernière est désespérément régulièrement à la hausse depuis février 2014 soit une hausse de 14% (soit de 1574 personnes tuées à 1795). Cette hausse efface la baisse spectaculaire obtenue entre janvier 2013 et juin 2013 (de 1874 à 1663 soit -11%) grâce à la communication annonçant la mise en circulation des radars dits mobiles/mobiles.

 

Faits marquants :

 

 

 

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