Conduite accompagnée

Définition :

La conduite accompagnée est le terme souvent utilisée pour désigner  l'apprentissage anticipée de la conduite (dit AAC) en vue de l'obtention du permis de conduire de la catégorie B. Il comprend deux périodes : une formation initiale dans une école de conduite et une période d'apprentissage en conduite accompagnée sous la surveillance constante d'un accompagnateur titulaire depuis au moins cinq ans du permis B (article R 211-5 du code de la route).

La seconde période s'engage lorsque l'apprenti conducteur  a réussi l'examen théorique du code de la route,  suivi une formation pratique de 20 heures minimum avec un enseignant de l'école de conduite, et a bénéficié d'une évaluation favorable de la part de son enseignant de la conduite et de la sécurité routière qui se matérialise par la remise de l'attestation de fin de formation.

La seconde période se déroule sur une durée d'au moins un an et une distance parcourue de 3 000 km minimum. Cette période débute par un rendez-vous préalable et est ponctuée de deux rendez-vous pédagogiques obligatoires.

La conduite accompagnée permet de réduire la période probatoire du permis à 2 ans au lieu de 3 (les nouveaux titulaires du permis de conduire disposent de 6 points sur leur permis et doivent attendre deux ans sans infraction avant d'en obtenir 12), de commencer la formation initiale en école de conduite (code et conduite) dès 15 ans. En revanche, il n'est possible de conduire seul qu'à partir de 18 ans.

Commentaires :

La conduite accompagnée fait l'objet depuis sa généralisation dans les années 90, d'une attention particulière des pouvoirs publics. Cette attention est justifiée à la fois par le meilleur taux de réussite des candidats issus de la filière AAC à l'examen du permis de conduire (70% environ contre un peu plus de 53 % pour l'ensemble des candidats), par le fait que cette formation serait moins chère que la formation traditionnelle et que ces candidats, une fois leur permis obtenu, enregistreraient a priori une fréquence de sinistralité moindre que les conducteurs novices issus de la filière classique de formation. Au regard de ces éléments, le gouvernement souhaite poursuivre l'augmentation du nombre de candidats au permis de conduire qui ont suivi l'AAC et a autorisé en 2015 le démarrage de cette formation dès 15 ans .

Or, peu d'évaluations ont été menées sur l'efficacité de la formation à la conduite par la voie de l'AAC. Il est admis que cette formation apporterait une expérience de conduite plus grande qui serait un gage d'une meilleure sécurité lors des premières années de conduite.

Les sociétés d'assurance sont les seules à même de pouvoir mesurer les gains éventuels de sinistralité. La difficulté est qu'ils ne produisent que des statistiques globales sans différencier la sinistralité matérielle de la sinistralité corporelle alors que c'est cette dernière qu'il convient de réduire, particulièrement lorsqu'elle est grave.

L'observation des comportements montre que les conducteurs ayant suivi la formation AAC possèdent une meilleure maîtrise du véhicule qui limite effectivement leur sinistralité matérielle par rapport aux conducteurs ayant suivi une formation classique.

En revanche, ils sont plus confiants alors qu'ils ne disposent plus de l'assistance de l'accompagnateur. Cette surconfiance les amène à rouler plus vite et à prendre davantage de risques  (dans les manoeuvre de dépassement notamment). La plupart de ces conducteurs ont, par ailleurs, "hérité" des mauvaises pratiques de l'accompagnant, ce qui nécessite souvent une reprise en main de l'enseignant de la conduite avant l'examen pratique (et ce qui a pour conséquence d'augmenter le coût de la formation de l'AAC qui, au final, est du même ordre que celui d'une formation classique). A noter que le meilleur taux de réussite en première présentation pourrait  résulter aussi  d'un préjugé
favorable de l'examinateur. Ainsi, l'impact positif sur la mortalité routière de la conduite accompagnée est loin d'être démontré, certaines études d'efficacité concluant à une diminution des accidents, d'autres à une absence d'efficacité.

L'enquête "MARC"8 menée sur une cohorte de jeunes par l'IFSTTAR a mis en évidence les conclusions suivantes:

"L'apprentissage accompagnée de la conduite n'accroît pas le comportement sécuritaire du jeune conducteur. Il ne modifie en rien le moment de l'arrivée du premier accident et aurait tendance à augmenter le risque d'accident la première année de conduite et à générer un comportement infractionniste plus précoce, dès la première année, alors qu'il se manifeste plutôt la deuxième année de conduite pour les jeunes conducteurs de la filière traditionnelle. L'expérience de conduite ne fait sentir son effet qu'après 3 ou 4 ans de conduite et de manière progressive et la conduite accompagnée n'accélère pas vraiment ce processus".

On peut donc se demander pourquoi les pouvoirs publics et les assureurs tiennent à promouvoir ce mode de formation. L'administration est gagnante car le développement de l'AAC lui permet d'espérer  d'avoir moins de permis à faire passer en seconde présentation, et donc de ne pas avoir à renforcer son contingent d'inspecteurs du permis de conduire. Les assureurs sont également gagnants car l'AAC leur permet  de capter de futurs clients.

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