Remontée de file

Définition :

La remontée de file est une pratique de circulation des  usagers de deux-roues. Elle consiste à circuler entre deux files de circulation que ces files soient à l'arrêt ou en mouvement. Elle permet de s'affranchir des embouteillages, notamment en ville,  où elle permet dans les carrefours à feu  de se positionner  sur la ligne de feu. Cette pratique est une infraction au code de la route. Elle est assimilée à un dépassement par la droite. Cette pratique est aussi dénommé pour les motocyclistes à tort "circulation inter-file". C'est ce terme qui a été repris dans le cadre d'une première expérimentation qui a démarré en 2016 et qui a pris fin le 30 janvier 2021 suivi d'une seconde débutant sur trois ans le 29 juillet 2021.

Commentaires :

Si les cyclistes pratiquent la remontée de file exclusivement en ville, incités parfois par la présence de sas vélo, les motocyclistes la pratiquent également hors agglomération, notamment sur les autoroutes et voies express à l'approche des centres urbains.

L'émergence de la pratique de la remontée de file par les motocyclistes est la conséquence d'une congestion de la circulation urbaine et peri-urbaine. C'est une pratique qui n'existait pratiquement pas, il y a encore une dizaine d'année. Elle constitue un gain de temps appréciable pour ses pratiquants, notamment aux heures de pointe dans les déplacements domicile/travail. C'est pourquoi il s'agit d'une pratique essentiellement concentrée sur l'Ile de France qui connaît des niveaux d'encombrements sans commune mesure avec les autres grandes agglomérations françaises. Bien que le terme « circulation interfile » soit le terme maintenant officiel utilisé pour cette pratique, le terme « remontée de file » des motocyclettes est le terme approprié car il s'agit bien d'un dépassement de la file de droite et de la file de gauche de la circulation générale dans le but d'aller plus vite que les deux files de véhicule situées dans les voies de circulation en profitant d'un espace entre ces deux files.

La remontée de file s'est probablement amplifiée avec l'augmentation du parc des engins de moins de 125 cm3 accessibles depuis 1995 aux titulaires du permis B.

A défaut de disposer de bandes d'arrêt d'urgence continues et entretenues sur le réseau des voies rapides (voire absente sur le boulevard périphérique) et de par la présence très fréquente d'une troisième voie de circulation (voire d'une quatrième voie sur le boulevard périphérique et les accès autoroutiers à la capitale), la remontée de file s'est d'abord organisée spontanément en Ile de France en circulant entre la dernière et l'avant dernière voie de circulation.

Elle s'est développée aussi sur les deux voies deux voies hors voies rapides et puis sur les voies urbaines de la capitale et de sa banlieue.

D'abord pratiquée dans une circulation dense et ralentie, elle s'est généralisée aussi lorsque le trafic est fluide tout en restant dense. N'étant pas explicitement interdite, la remontée de file est devenue une pratique courante en l'Ile de France avant de déteindre sur les agglomérations de Province sans pour autant se généraliser. En effet, sur les réseaux rapides urbains de Province, une bonne part des motocyclistes semble préférer prendre le risque d'utiliser la BAU (alors que son usage est strictement interdit) compensé par un risque perçu nettement moindre d'avoir un accident.

Sur le caractère accidentogène, il n'y a aucun doute sur le fait que la pratique de la remontée de file induit un nombre non négligeable d'accidents, estimés à 4% de l'ensemble des accidents impliquant une motocyclette. De surcroît, ce nombre d'accident reste largement sous-évalué puisqu'il est difficile pour les forces de l'ordre d'apprécier précisément la manœuvre avant l'accident et qu'il n'est pas comptabilisé les accidents de changement de file des motocyclistes pour se positionner en remontée de file. Son enjeu pourrait être trois fois  supérieur à celui issu des études disponibles.

Cette accidentalité est une spécificité francilienne. La part des accidents de remontée de file en dehors de l'Ile de France n'est que de 1%. Ce % grimpe à 10,0% en Ile de France et il atteint près de 50% sur le boulevard périphérique (43,0%) où cette pratique est généralisée pratiquement à tout heure. Cette fréquence des accidents est une des causes de congestion supplémentaires de la circulation sur ce boulevard.

Force est constater que le nombre d'accidents liés à une remontée de file est en augmentation constante, essentiellement en Ile de France, en relation avec l'augmentation du trafic de deux-roues motorisé. Ce trafic peut composer plus de 15% du trafic total aux heures de pointes sur certains axes autoroutiers d'accès à la capitale et sur certaines sections du boulevard périphérique.

Par ailleurs, un accident sur deux est un accident domicile/travail, ce qui n'est pas sans inquiéter la Caisse nationale d'assurance maladie. Ces accidents sont heureusement en général peu graves la plupart du temps. Cette gravité semble intimement liée à la vitesse pratiquée par la motocyclette au moment de la remontée de file. L'enjeu actuel commence à être préoccupant si on considère que cette pratique n'affecte pour l'instant qu'essentiellement la région Ile de France. Il est en moyenne par an sur les 6 dernières années de 6 à 7 motocyclistes tués et 140 blessés graves pour 500 accidents.

En termes de risque, il est difficile de mesurer celui spécifique de la remontée de file à défaut de connaître précisément les trafics motocyclistes dans les différentes situations de conduite. En l'espèce, il ne peut qu'être approché. La pratique massive de la remontée de file est encouragée par le sentiment exprimant par les motocyclistes que la remontée de file présenterait un risque moindre pour eux que celui de se « mêler » à la circulation dans les files.


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